Dès les années 1950, l’urbanisation de la Wallonie a usé et abusé de la campagne. " Mettre ma famille au vert ", " habiter une maison avec un jardin tout autour ",
" bénéficier du calme de la campagne " : ces envies jusqu’alors irréalisables – voire inexistantes - ont été érigées en dogme.
Le développement du marché de l’automobile a permis de les matérialiser.
L’éparpillement de l’urbanisation en est le résultat tangible.
Une urbanisation devenue parfois très discrète, car les arbres des jardins ont grandi depuis lors. Alors qu’à la même époque d’autres régions du monde – comme, par exemple, de nombreux départements français – sont touchées par l’exode rural, en Wallonie c’est l’exode urbain.
Les gens quittent les villes et tout quartier très urbanisé, notamment les quartiers commerçants et les cœurs de village. Qu’il soit en ville ou dans un village, l’habitat antérieur à la seconde guerre mondiale, composé de maisons anciennes généralement mitoyennes, est alors considéré comme invivable. Il faut la vue sur champs, la tranquillité et, surtout, pas de voisins trop proches.
Les seules contraintes techniques sont que le terrain soit aisément accessible en voiture et pas cher au m². Le mitoyen rural, jugé vieillot, est délaissé au profit de d’une nouvelle maison isolée construite à la frange de l’agglomération ou au-delà.
L’éparpillement a eu pour effet collatéral de vider les quartiers urbains et ruraux de leurs habitants, mais aussi de leurs activités.
Car l’éparpillement n’est pas seulement le fait de la résidence. Les établissements commerciaux, les services publics, les bureaux et les parcs d’activités économiques ont utilisé l’argument du besoin de surface pour suivre exactement le même chemin bucolique.
La conquête de l’espace rural qui en résulte se matérialise par de longs rubans routiers parsemés de bâtiments et par un émiettement sous forme de grosses taches ici et là, que d’aucuns ont rebaptisé : " la localisation au lance-pierre ". Les quartiers ainsi créés ne sont ni ruraux, ni urbains. Ils sont rurbains.
Le mot découle de la contraction entre rural et urbanisation. Ces quartiers composent un entre-deux typologique qui a gagné sa personnalité propre : la rurbanité s’organise en fonction d’un réseau de voies carrossables secondaires desservant des bâtiments isolés dans des espaces verts jardinés. Que le quartier soit un clos résidentiel, un parc d’affaires ou un petit zoning industriel, il se greffe toujours sur une voirie à grand gabarit.
Les habitants, sont-ils ruraux ou urbains ?
• La plupart des rurbains sont convaincus d’être RURAUX : des champs cultivés servent d’arrière-plan à leur résidence ou à leur lieu de travail, n’est-ce pas ?
• Les rurbains qui s’estiment URBAINS sont conscients du fait que leur implantation doit tout à une stratégie urbanistique visant à implanter des fonctions urbaines dans le milieu rural.
• Quant à ceux qui disent « Nous sommes une famille (ou une équipe) (ou une agence) RURBAINE », ils doivent être ultra-rares, mais néanmoins pleins d’humour.
Mais cela ne nous fait plus rire et nous devons réagir !
Source : canopea.be
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